Depuis plus de deux décennies, l’Est de la République Démocratique du Congo est ravagé par des conflits armés récurrents, particulièrement dans les provinces du Nord-Kivu, Sud-Kivu et Ituri. Si les responsabilités sont multiples, un facteur interne exacerbe ce chaos : l’ambiguïté politique de certains acteurs congolais.
Dans un communiqué publié ce mercredi 22 avril 2025, le Collectif des mouvements citoyens et organisations de la société civile Amka Congo exprime son indignation face à cette duplicité. « Les Congolais méritent des dirigeants qui agissent avec sincérité, et non une élite qui cultive une politique à deux visages », déclare le collectif.
Un double langage politique préoccupant
Officiellement, le gouvernement congolais affiche une posture ferme, dénonçant l’ingérence étrangère et appelant à la souveraineté nationale. Pourtant, dans les coulisses, des compromis tacites persistent. Selon Amka Congo, « certains responsables politiques et économiques maintiennent des échanges avec Kigali et Kampala, favorisant un statu quo délétère ».
Cette contradiction nourrit la méfiance de la population et fragilise la crédibilité des autorités. « Nous ne pouvons pas espérer un retour à la paix tant que des circuits économiques et diplomatiques liés à l’économie de guerre continuent d’exister, tolérés ou parfois soutenus par nos propres dirigeants », souligne le collectif.
Les jeux troubles des élites locales
À l’échelle locale, la situation est tout aussi préoccupante. D’anciens chefs de guerre, intégrés dans l’armée, la police et l’administration publique à travers des programmes de réconciliation, continuent d’exercer une influence parallèle sur des groupes armés.
« Dans certaines provinces, la frontière entre autorité légitime et groupes armés est pratiquement inexistante », déplore Amka Congo. « Ces élites jonglent entre leurs rôles officiels et un contrôle parallèle des ressources locales, notamment l’exploitation minière, la collecte de taxes illégales et la mainmise sur les circuits commerciaux. »
Une instrumentalisation du conflit à des fins électorales
À l’approche des élections, cette ambiguïté prend une nouvelle dimension. Certains candidats exploitent les tensions ethniques et communautaires pour asseoir leur popularité, alimentant un climat de suspicion et d’instabilité.
« Comment accepter qu’un leader soutienne en sous-main des groupes armés pour consolider sa base électorale, puis se présente comme artisan de la paix une fois élu ? » s’indigne le collectif Amka Congo. Cette stratégie de manipulation aggrave la fragmentation de l’État, et contribue à une réponse inefficace face aux défis sécuritaires.
Une société civile mobilisée pour la transparence
Face à cette duplicité politique qui compromet la paix, Amka Congo tire la sonnette d’alarme et appelle à une mobilisation citoyenne renforcée. « Nous exigeons une rupture avec ce système de compromission. Il est temps que les dirigeants congolais fassent preuve de cohérence et d’intégrité », affirme le collectif.
Dans son communiqué, Amka Congo plaide pour la fin de l’impunité, une refonte du système de gouvernance, et l’émergence d’une classe politique réellement engagée pour l’intérêt général et la stabilité nationale.
Rompre le cycle de duplicité pour un avenir de paix
La bipolarité politique qui caractérise la gestion du conflit à l’Est constitue un frein majeur à toute sortie de crise. Sans des actions concrètes et cohérentes, sans une volonté politique affirmée de sanctionner les compromissions, la paix restera un mirage pour des millions de Congolais.
« Il est urgent que les nouvelles générations de leaders s’engagent sincèrement pour un avenir de stabilité, de dignité et de responsabilité », conclut Amka Congo.