Le Collectif Amka Congo interpelle sur l’actionnariat rwandais présumé dans TotalEnergies et ses implications pour la RDC. Dans une déclaration officielle publiée ce mardi 10 juin, le Collectif Amka Congo alerte l’opinion publique nationale et internationale sur une révélation relayée par le média spécialisé Africa Intelligence, selon laquelle l’État rwandais détiendrait jusqu’à 20 % du capital de la multinationale TotalEnergies, une entreprise présente et active en République Démocratique du Congo.
Bien que cette information demande encore une vérification indépendante, rigoureuse et transparente, le collectif estime qu’elle soulève des préoccupations majeures touchant à la souveraineté économique, à la sécurité régionale et à l’éthique des affaires.
Un enjeu moral et stratégique
Selon le Collectif Amka Congo, la possible présence d’un État accusé à plusieurs reprises dans des rapports des Nations unies et d’organisations internationales de soutenir des groupes armés actifs dans l’Est de la RDC, parmi les actionnaires d’une entreprise exploitant les ressources congolaises, constitue une menace directe. Cette situation est perçue comme un exemple troublant de la manière dont certains investissements étrangers, loin d’être neutres, peuvent servir des logiques de prédation, d’instabilité et de domination.
Le collectif met en garde contre le risque de voir les chaînes de valeur extractives transformées en instruments de financement indirect des conflits régionaux. Pour ses membres, ces dynamiques compromettent non seulement la stabilité nationale, mais aussi l’effort collectif pour construire un État de droit fondé sur la justice économique et sociale.
La souveraineté économique en question
Le communiqué rappelle que la souveraineté économique n’est pas un concept abstrait, mais un fondement concret de l’autonomie des États postcoloniaux. Elle repose, selon le collectif, sur la capacité des institutions nationales à contrôler les investissements, à gérer les flux financiers et à veiller à ce que les ressources naturelles du pays profitent prioritairement aux populations congolaises.
Dans ce contexte, l’opacité des structures actionnariales, les complicités entre acteurs économiques et politiques transnationaux, ainsi que l’absence de mécanismes de contrôle démocratique sur les multinationales représentent des dangers sérieux pour l’indépendance économique de la RDC.
Des recommandations pour une gouvernance souveraine et responsable
En cohérence avec sa mission de promotion de la justice sociale et de la transparence, le Collectif Amka Congo formule plusieurs recommandations concrètes :
1. Lancement d’une enquête indépendante et publique sur l’actionnariat de TotalEnergies afin de confirmer ou d’infirmer la participation directe ou indirecte de l’État rwandais ou de ses entités affiliées.
2. Suspension conservatoire de tout partenariat économique impliquant des acteurs liés à des États ou groupes accusés d’activités hostiles à l’intégrité territoriale de la RDC.
3. Création d’un mécanisme national de contrôle citoyen sur les entreprises étrangères, avec une représentation inclusive de la société civile, du monde académique, des régulateurs publics, des communautés locales et d’experts indépendants.
4. Révision systématique des contrats et concessions dans les secteurs stratégiques du pays, dans un souci de justice environnementale, de réappropriation économique et de défense des intérêts nationaux à long terme.
Une alerte au-delà des frontières
Par ce communiqué, le Collectif Amka Congo appelle à une prise de conscience urgente quant aux formes contemporaines de domination économique déguisées en investissements. Il invite les autorités congolaises à faire preuve de fermeté dans la défense de la souveraineté nationale, et la communauté internationale à faire respecter les principes d’éthique et de responsabilité dans la conduite des affaires.