Dans sa tribune portant sur la déconstruction de l’alibi rwandais sur la question des réfugiés tutsis dits « Congolais », le Collectif des Mouvements Citoyens Amka Congo à la vigilance diplomatique du Gouvernement de la RDC.
Alors que de nouvelles négociations se poursuivent autour de la crise sécuritaire dans l’Est de la République Démocratique du Congo, le Gouvernement congolais doit faire preuve de lucidité face à un piège diplomatique bien rodé. Parmi les revendications avancées par le M23 et soutenues par le Rwanda figure le retour de prétendues 100 000 familles de réfugiés tutsis congolais vivant au Rwanda.
Mais derrière cette exigence se cache une stratégie ancienne, destinée à légitimer l’ingérence et l’instabilité régionale. « Le Gouvernement congolais doit aborder cette question avec lucidité et stratégie, car elle cache un piège diplomatique et historique mis en place depuis plusieurs décennies par Kigali », alerte le Collectif des Mouvements Citoyens AmkaCongo.
Une manipulation historique de la question des réfugiés
La question des réfugiés congolais au Rwanda repose sur une falsification historique. La majorité des personnes aujourd’hui présentées comme réfugiées sont en réalité les descendants des Tutsis ayant fui la révolution sociale de 1959 au Rwanda.
« Lorsque le FPR a pris le pouvoir en 1994, la grande majorité des exilés tutsis sont rentrés au Rwanda, y compris les familles des officiers du M23 qui combattent aujourd’hui contre la RDC », souligne le Collectif Amka Congo.
Lors de la guerre menée par le Front Patriotique Rwandais (FPR) entre 1990 et 1994, un grand nombre de ces exilés ont activement contribué à la prise du pouvoir à Kigali. Après la victoire du FPR, ces réfugiés ont rejoint le Rwanda, y compris les cadres du M23, qui ont ensuite intégré les forces armées rwandaises.
Une stratégie géopolitique et militaire
L’objectif du FPR allait au-delà du simple retour au Rwanda. Il s’agissait de transformer le pays en base arrière pour contrôler et infiltrer la région des Grands Lacs, notamment la RDC.
« Kigali a volontairement maintenu certains réfugiés dans les camps, pour les instrumentaliser à des fins stratégiques et politiques », affirme le Collectif Amka Congo.
En maintenant une partie de ces réfugiés dans les camps, le régime rwandais espère utiliser leur statut pour réclamer leur retour en RDC, une stratégie qui légitimerait l’ingérence rwandaise et renforcerait l’instabilité sécuritaire.
Les officiers du M23 : des acteurs d’une infiltration programmée
Les leaders du M23 sont issus de familles rwandaises qui ont regagné leur pays en 1994 après la victoire du FPR. Certains ont été formés dans l’armée rwandaise avant d’être intégrés aux rébellions successives en RDC.
« Le lien avec la RDC est souvent préfabriqué et instrumentalisé. Ces officiers, qui ont servi au sein de l’armée rwandaise, prétendent aujourd’hui être des Congolais pour justifier leurs revendications territoriales », alerte le Collectif Amka Congo.
Ce Collectif estime enfin que le Gouvernement congolais doit s’opposer avec fermeté à toute tentative de retour collectif non contrôlé et défendre la vérité historique. La souveraineté territoriale du Congo ne peut être fragilisée par des revendications fondées sur une instrumentalisation ethnique.
« Il est temps d’opposer à la démarche et à la stratégie de Kagame une réponse claire, cohérente et juridiquement établie », affirme le Collectif Amka Congo, qui appelle les autorités à exiger un recensement indépendant des réfugiés, et à dénoncer les incohérences du discours rwandais, qui ne revendique pas le retour des réfugiés tutsis d’autres pays de la région.
Le Collectif des Mouvements Citoyens AmkaCongo réaffirme son engagement à accompagner la RDC dans la défense de son intégrité territoriale, la protection de sa souveraineté et la préservation de la cohésion nationale.