Les minerais congolais tels que le tungstène, le tantale et l’étain, dont Kinshasa accuse depuis longtemps le Rwanda voisin d’exploiter illégalement, pourraient être exportés légitimement vers ce pays pour y être transformés. Cette mesure s’inscrirait dans le cadre d’un accord de paix actuellement négocié par les États-Unis, selon trois sources citées par Reuters.
Un enjeu au cœur du conflit
Kinshasa considère le pillage de ses ressources naturelles comme un des principaux moteurs du conflit qui l’oppose aux rebelles du M23, soutenus par le Rwanda. Les autorités congolaises accusent Kigali de faire passer chaque mois des minerais d’une valeur de plusieurs dizaines de millions de dollars à travers la frontière, pour les vendre sous l’étiquette rwandaise.
Un accord poussé par Washington
Washington cherche à obtenir la signature d’un accord de paix entre la République démocratique du Congo et le Rwanda d’ici l’été, accompagné de contrats miniers destinés à attirer plusieurs milliards de dollars d’investissements occidentaux. Massad Boulos, conseiller principal du président américain Donald Trump pour l’Afrique, a déclaré à Reuters que la première version du projet d’accord avait été remise aux deux parties, sans que son contenu ne soit dévoilé.
Selon des diplomates et une source onusienne, cet accord pourrait permettre que les minerais actuellement extraits dans les zones de mines artisanales du Congo soient raffinés et mis sur le marché à partir du Rwanda.
« Pour Washington, si le Rwanda peut profiter légalement des minerais congolais en les transformant, il aura moins d’incitation à s’approprier ces ressources par la force », explique un diplomate.
Les attentes congolaises et rwandaises
Du côté congolais, l’industrialisation de l’exploitation minière pourrait générer davantage de revenus, améliorer la traçabilité des minerais et combattre les groupes armés qui profitent actuellement de l’exploitation artisanale.
Un porte-parole du gouvernement congolais a renvoyé les questions vers le ministère des Affaires étrangères, qui n’a pas répondu. Un haut responsable congolais, s’exprimant sous couvert d’anonymat, a cependant précisé que toute coopération minière dépendrait du retrait des troupes rwandaises et de leurs alliés, en référence au M23, qui contrôle aujourd’hui une partie importante de l’est du pays. Il a aussi insisté sur le respect total de la souveraineté congolaise, y compris sur ses ressources naturelles.
Pour Kigali, ces négociations pourraient conduire à une entrée massive de capitaux et permettre de structurer un secteur minier encore largement informel. De son côté, les États-Unis pourraient consolider leur accès aux ressources minières congolaises, actuellement dominées par la Chine.